3 septembre 2013

Phobies nocturnes

Ça m'a pris par surprise vers 2 h du matin. Rien ne m'y préparait : bon dîner, belle soirée de vacances devant quelques épisodes de "fais pas ci, fais pas ça" (ou comment éviter la lecture de Laurence Pernoud tome 1 et 2 offerts par ma sœur, en les remplaçant par des séances feuilletonesques de préparation à la parentalité) et même une glace Carte d'Or incrustée de feuilleté chocolat noir entre deux épisodes. Tout allait donc - vraiment - bien. Et puis dans la nuit, la faim m'a réveillée. Un truc qui vous agite autant l'estomac que le cerveau. Les neurones semblant plus atteints par l'hypoglycémie que le tube digestif, ils se sont  mis à cogiter. Mais pas dans le bon sens.

Un cerveau qui fonctionne bien aurait mis toute la mécanique en branle afin de  me donner un peu d'énergie pour me lever, descendre l'escalier, ouvrir le frigo (qui, d'accord, n'est pas le mien en ce moment puisque cerveau, corps et bébé sont en vacances chez Papi et Mamie dans la maison d'enfance de Papa ; et ouvrir le frigo des autres à 2 h du matin demande une certaine dextérité - d'esprit - dont je ne dois pas être dotée) pour soulager ce creu douloureux.
Mais là non, le cerveau s'est mis à réfléchir. Mauvaise idée.

La peur d'être une mauvaise maman a croisé ma nuit et ne m'a pas quittée. Mauvaise mère avant de l'être vraiment, tel serait mon destin. C'est à ça que mes neurones ont joué pendant une heure. Horrible pensée mêlant la conviction de ne pas savoir faire ce qu'il faut pour que bébé grandisse bien jusqu'en novembre. Il faut dire que certains en ce moment doutent encore que le bébé soit vraiment à l'intérieur. "Il est né quand ?" m'a t-on en effet demandé l'autre jour. J'ai donc jeté toute les robes amples de mon placard pour désormais ne me balader qu'en tissu élastique tout en gardant soigneusement la main sur le ventre, genre "je suis en connexion permanente avec bébé" (comprendre donc : il est toujours dans mon ventre).

Et je sais que ce genre de pensée agaceraient celles à qui on dit de surveiller leur poids pendant 9 mois car l'aiguille de la balance flanche trop à droite.

Mais chez "le jour des glaçons", je suis chez moi, alors je raconte bien ce que je veux.

D'autant plus qu'il ne s'agit pas vraiment de balance mais de sentiment de ne pas y arriver. Un peu comme quand j'ai pris rendez-vous avec la sage femme pour ma première séance de préparation à la naissance (remboursée par la sécurité sociale : vu dans l'état où ça me met, j'ai presque envie d’alléger sa dette en déclinant la proposition) et qu'au bout du fil, la voix m'a fait penser à celle d'une professeur qui vous inscrirait au cours de soutien pour élèves en difficulté. Difficile de se convaincre à 2 h du matin qu'on saura bien faire, que bébé va bien, que je fais ce qu'il faut pour cela. Alors que quelques heures auparavant, quelqu'un vous a dit "venez en legging à la séance respiration". Serais-je à ce point perdue pour avoir besoin de quitter mes jolies petites robes, d'enfiler un legging spécial grossesse et d'inspirer / expirer en cadence avec quelques autres mères en devenir ? Cette pensée me donne l'impression que je n'y arriverai pas sans contrôle des autorités. Alors pour ce qui est de la taille de mon ventre et des fringales nocturnes, je les classe dans la même catégorie. Aurais-je mal fait quelque chose ? J'espère tant que l'instinct qui me guide en ce moment est celui d'une maman qui saura faire.

En tous les cas, l'instinct de 3 h du matin m'a donné l'idée de réveiller Papa Citron qui ne dormait pas loin pour lui en parler. Et ça s'est terminé par une bonne tartine confiture quelques minutes plus tard à l'étage du dessous. Mon cerveau bien rassuré a ainsi pu se rendormir jusqu'au petit matin.

Je n'ai jamais voulu devenir une maman seule. En ce moment, je comprends pourquoi de jour en jour.

Maman Citronnelle

3 commentaires:

  1. Tu ne seras pas une mère parfaite, tu seras bien mieux: une bonne mère. Je n'ai aucun doute là-dessus.
    Je ne peux pas te rassurer en partageant mon expérience, mais on m'a souvent rapporté les situations infantilisantes, culpabilisantes et très axyogènes pour les futures mères - juste quand les hormones dansent le fonk et que l'idée du bouleversement se précise. Du professionnel à l'anonyme, tout le monde a un avis. Valide, peut-être, mais personne ne peut prétendre connaître mieux que toi (et son papa) le bébé dans ton ventre. En ne sachant pas tout à l'avance tu lui fais un cadeau magnifique: celui d'être libre d'être et de devenir ce qu'il voudra.
    Biz et bonnes confitures

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    1. Meli-Melo : tes mots sont plus doux qu'une tartine de confiture nocturne

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