Depuis quelques semaines, l'agenda de Citronnelle affiche une fois par semaine "séance de rééducation périnéale". La première fois, elle y est allée un peu à reculons, pas très envie de s'astreindre à être à l'heure à un rendez-vous, ni devoir exposer cette partie de l'anatomie à une nouvelle personne (tant en ont déjà profité durant la grossesse et lors de l'accouchement). Et puis, je vous le rappelle, Citronnelle est toujours célibataire (tiens, une réponse de plus à la tentative de définition de la co-parentalité que tente d’établir Citron depuis quelques post) donc elle préférerait montrer son périnée à un amoureux plutôt qu'à une sage femme. Mais la raison l'a emporté : il faut le rééduquer.
Ce qu'elle ne savait pas, c'est que ces séances allaient la faire rire et qu'elle aurait plaisir à y retourner. Je vous explique.
Le premier rendez-vous fut l'occasion de se faire expliquer les objectifs des exercices à réaliser : refermer le corps. Et comment ? Par un pont levis ou des portes d'ascenseur que Citronnelle devrait fermer plusieurs fois par jour. Mais déjà frustrée par le manque de temps pour faire ce qu'elle aime ; comme écrire des post ici, réaliser un mobile pour bébé Citron avec ses propres mains (vous connaissez le DIY - do it yourself - ? Un truc qui rend fou quand on court après le temps) ou lire ce roman entamé il y a plusieurs semaines déjà (Sweet homme d'Arnaud Cathrine, vous saurez tout). Alors difficile d'imaginer se rajouter des portes à fermer plusieurs fois dans la journée. Et même si la sage femme jure qu'on peut le faire pendant d'autres activités, Citronnelle a du mal à imaginer pouvoir rééduquer son périnée en pleine conversation téléphonique, alors qu'elle est au supermarché et pense au dîner, ou lorsqu'elle se balade avec bébé Citron. Peut-on lui laisser la possibilité de laisser son périnée de côté pour se consacrer - vraiment - à ce qu'elle fait ?
Ce n'est donc pas ça qui donne envie à Citronnelle de retourner toutes les semaines chez la sage femme (et de faire comme si elle est était studieuse en fermeture de portes). Non, ce qui lui plaît le plus, c'est d'avoir au moins un rendez-vous dans la semaine, comme un semblant de vie extérieure et de s'organiser pour y être à l'heure telle une superwoman, de sortir avec bébé Citron dans le porte bébé, de se retrouver avec lui dans la salle d'attente devant toutes les futures maman qui viennent se préparer à l'accouchement et d'entendre la sage femme lui dire "tu es trop mignon toi". Dans des moments comme ceux-là, refermée ou pas, Citronnelle est très fière. Fière d'être la Maman d'un si beau bébé.
Alors quand à la deuxième séance, il s'est agi d'imaginer une petite vague puis une grande vague qui rouleraient le long du dos, à la troisième des cercles qui deviennent points et s'effacent, à la quatrième de rajouter des vagues de chaque côté, Citronnelle a fait semblant de tout enregistrer et ne s'est même pas offusquée de voir la sage femme tapoter son téléphone pendant les cinq minutes que dure la rencontre, ni du fait qu'à chaque fois elle est reçue avec plusieurs dizaines de minutes de retard. Pas du tout, puisque désormais bébé Citron passe ces séances sur les genoux de la sage femme qui le couvre d'éloge et va même le présenter aux autres bébés dans la salle d'attente, laissant Citronnelle, seule dans le bureau, avec ses ponts levis, ses vagues et sa fierté d'être Maman.
Alors si elle a décidé de continuer à suivre sa rééducation, ce n'est pas pour son périnée, mais c'est surtout pour son cerveau.
Citronnelle